''IL LAGO'' di ALPHONSE DE LAMARTINE
Data: Sabato, 15 agosto 2009 ore 00:00:00 CEST
Argomento: Rassegna stampa


Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
            Jeter l'ancre un seul jour ?
 
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
            Où tu la vis s'asseoir !
 
 Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
            Sur ses pieds adorés.
 
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
            Tes flots harmonieux.
 
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
            Laissa tomber ces mots :
 
« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
            Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
            Des plus beaux de nos jours !
« Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
            Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
            Oubliez les heureux.
 
« Mais je demande en vain quelques moments encore,
            Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l'aurore
            Va dissiper la nuit.
 
« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
            Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
            Il coule, et nous passons ! »
 
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
            Que les jours de malheur ?
Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
            Ne nous les rendra plus ?
 
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
            Que vous nous ravissez ?
 
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
            Au moins le souvenir !
 
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
            Qui pendent sur tes eaux !
 
Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
            De ses molles clartés !
 
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
            Tout dise : « Ils ont aimé ! »
Alphonse De Lamartine

traduzione
Il lago
Così, sempre spinti verso nuove rive,
Nella notte eterna portati via senza ritorno,
Non potremo mai sull'oceano delle età
Gettare l'ancora un solo giorno?
O lago! l'anno appena ha finito il suo corso,
E presso i flutti amati che lei doveva rivedere,
Osserva! vengo solo a sedermi su questa pietra
Dove la vidi sedersi!
Muggivi così sotto queste rocce profonde;
Così ti rompevi sui loro lati strappati;
Così il vento gettava la schiuma delle tue onde
Sui suoi piedi adorati.
Una sera, ti ricordi? navigavamo in silenzio;
Non si udiva da lontano, sull'onda e sotto i cieli,
Che il rumore dei rematori che colpivano con ritmo
Le tue onde armoniose.
Improvvisamente accenti sconosciuti alla terra
Dalla riva incantata colpirono gli echi,
I flutti  furono attenti, e la voce che mi è cara
Lasciò cadere queste parole
"O tempo, sospendi il tuo volo!" e voi, ore propizie,
Sospendete il vostro corso!
Lascia gradire le delizie rapide
le più belle del giorno d'oggi!
"Gli infelici ti implorano;"
Fluisci,fluisci per loro;
Prenditi le cure che divorano i loro giorni ;
Dimentica i felici.
"Ma chiedo invano alcuni momenti ancora,"
Il tempo  fugge;
Dico a questa notte: "sii più lenta"; e l'alba
Dissiperà la notte.

"Amiamo dunque, amiamo dunque!" dell'ore fuggitive,
Acceleriamo, usufruiamo!
L'uomo non ha affatto porti, il tempo non ha affatto rive;
Fluisci, e passiamo!
Tempo geloso, può darsi che questi momenti d'ebbrezza,
Dove l'amore a lunghe onde ci versa la felicità,
 volino lontano da noi con la stessa velocità
dei giorni di disgrazia?
Che cosa! non ne potremo fissare almeno la traccia?
Ciò che! passati per mai? cosa! tutto è perduto?
Questo tempo che ce li diede, questo tempo che li cancella,
Ce li renderà più?
Eternità, nulla, passato, abissi scuri,
In cosa avete trasformato i giorni che assorbite?
Parlate: ci renderete queste estasi sublimi
Cosa ci rapite?
O lago! rocce mute! grotte! foresta oscura!
Voi che il tempo salva o che può rinnovare,
Conservate di questa notte, conservate, bella natura,
Almeno la memoria!
Che sia nel tuo riposo, che sia nelle tue tempeste,
Bel lago, e nell'aspetto delle tue pendenze ridenti,
Ed in quest'abeti neri, ed in queste rocce selvagge
Chi pendono sulle tue acque!
Che sia nello zefiro che freme e che passa,
Nei rumori dei tuoi bordi e dai tuoi bordi ripetuti,
Nell'astro dalla fronte d'argento che sbianca la tua superficie
Dal suo chiarore morbido!
Che il vento che geme, la canna che sospira,
Che i profumi leggeri della vostra aria odorosa,
Che tutto ciò che si sente, si vede e si respira,
Tutto dica: "Hanno amato!"





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